Alors que la saison 2024-25 du DP World Tour entre dans une phase très importante en termes de points et de tournois XXL, Julien Guerrier vient d’enregistrer au British Masters, premier rendez-vous du Back 9, son meilleur résultat depuis le 8 décembre 2024.

Julien Guerrier a pris un vol de nuit dimanche soir depuis Birmingham pour rejoindre Dubaï où il réside désormais depuis la fin de l’année dernière avec femme et enfants. « Je n’ai dormi qu’une heure dans l’avion, la nuit a été courte. Je suis arrivé à 7 h 30 ce lundi matin… », souffle-t-il. Quelques heures plus tard, le Rochelais prenait pourtant le temps de répondre à nos questions.
Pour quelle raison avez-vous décidé de ne pas vous aligner à l’Omega European Masters et repartir chez vous à Dubaï avant de regagner le K-Club la semaine prochaine pour l’Amgen Irish Open ?
J’ai une famille. Je suis un papa avant d’être un golfeur. Je fais la rentrée des classes, qui a eu lieu ce mardi 26 août, tout en profitant de mes enfants. Entre le Danemark et le British Masters, je suis déjà rentré la journée du lundi voir mes enfants et ma femme. Pour en profiter un maximum.
Justement, comment se passe votre vie à Dubaï ?
C’est bien. Il faut que toute la famille prenne ses marques. Pour ma femme, c’est un petit peu plus compliqué. Le fait d’être un peu seule ici, prendre ses repères, ce n’est pas évident. Par répercussion, pour moi, ce n’est pas évident non plus car on a envie que nos proches soient le plus heureux possible. Mais c’est une transition. C’est comme ça qu’on le prend. C’est un souhait commun. On a fait ce choix. On verra après un an si on s’y plait. Pour l’instant, c’est encore un peu frais. Il y a plein de bonnes choses qui arrivent. On vient d’acheter une maison, il y a les travaux à faire, ça va pas mal occuper les esprits.
Ce déménagement a-t-il eu un impact sur votre jeu de golf, notamment en début de saison ?
C’est vrai que mon entourage me répète souvent : « Tu changes de pays, avec ta famille, il faut prendre ses marques, ce n’est pas évident… » Oui, peut-être ! Je n’en sais rien, en fait. Pour moi, je n’ai pas l’impression de changer quoi que ce soit. Au lieu de rentrer à Lyon, je rentre à Dubaï. Là, en ce moment, c’est peut-être un peu plus long pour moi mais ce n’est pas non plus catastrophique. C’est six, sept heures d’avion, avec des vols directs sans trop de décalage horaire.
Vous venez de débuter le Back 9 sur le DP World Tour avec une excellente 8e place au British Masters. Julien Guerrier est-il de retour ?
C’est bien, c’est cool ! Mais pour l’instant, on va dire que la saison est mitigée. On fait des choix qui ne sont pas encore payants. Le golf, c’est plein d’aléas. On ne sait pas quand les bonnes semaines vont tomber. Ce résultat au Belfry, c’est une bonne semaine, c’est vrai, mais je pense qu’il y avait la place pour faire mieux encore. Le parcours (le Brabazon Course) est très dur mentalement. Le samedi, j’ai joué un tour vraiment exceptionnel. J’ai rarement rendu une partie aussi propre. Je n’ai joué que -4 (68) mais c’était vraiment une partie accomplie.
En dix-neuf tournois joués cette saison, vous avez passé treize fois le cut, et pourtant cette 8e place est votre premier top 10 depuis le 8 décembre 2024, depuis votre 6e place au Nedbank Golf Challenge…
Le travail que j’ai entamé avec Jérôme Theunis consiste, sous une pression plus importante, à garder mon swing. Qu’il ne pâtisse pas de ce surplus de pression justement et, au contraire, qu’il excelle. Pour être totalement transparent, les changements apportés et validés avec Jérôme jusqu’à maintenant n’ont pas eu les résultats escomptés. Cela a même produit le résultat inverse. C’est donc pour cette raison que je ne réussis pas à signer des places plus haut au leaderboard. Je suis en train de reprendre ce que je faisais avant. J’ai hâte de voir cette fin de saison et voir comment ça va se passer. Quelle clé on peut trouver pour justement tenir sous pression. Je trouve cela très excitant, trouver ces petits détails qui font la différence et qui vous permettent de jouer le plus souvent possible le haut du leaderboard. Juste après le British Open, je n’avais vraiment pas envie de partir en vacances. Je n’avais qu’une seule envie, c’est d’aller rejouer. J’avais prévu deux semaines de vacances, et comme j’étais sur un bateau, je n’avais pas du tout la possibilité de toucher les clubs. Ensuite, je suis reparti m’entraîner. Là, maintenant, j’ai hâte de faire cette fin de saison. Je suis vraiment motivé et gonflé à bloc.
Comment s’articule votre travail technique entre Jérôme Theunis, basé aux Émirats arabes unis, et Raphaël Jacquelin, qui se trouve en France ?
Cela se fait naturellement. Je dois voir Jérôme ce jeudi. Malheureusement, il a eu un deuil dans sa famille au mois de juillet. Il a été un peu plus absent. Ce n’est pas une période facile pour lui. On est en train de revoir l’organisation. Peut-être que Raph sera un peu plus présent et Jérôme un peu moins. On essaie de trouver les meilleurs compromis. Raph était avec moi au British Masters. Cela m’a fait du bien. La relation avec lui est assez bénéfique depuis le début. On parle le même langage. Même s’il n’a pas le même vécu que Jérôme en tant que coach, il a en revanche connu pendant très longtemps la pression de se retrouver sur le tee n° 1, de mettre le dernier putt pour la victoire ou pour passer un cut, se battre aussi, vivre des moments difficiles et ceux un peu plus faciles, sans parler de la vie de famille aussi. On se connait depuis longtemps. Il a su énormément s’adapter au personnage Julien Guerrier (rires). On est tous différents et je trouve que ce n’est pas facile pour un coach de s’adapter complètement au joueur. On va se revoir à Saint-Nom-la-Bretèche pour l’Open de France.
Dix-huit ans après le Masters, vous avez renoué avec l’atmosphère unique d’un Majeur au mois de juillet en disputant The Open au Royal Portrush. Quel souvenir en gardez-vous malgré le fait de ne pas avoir franchi le cut ?
Cela reste clairement une super semaine, sur un parcours génial à jouer, dans des conditions changeantes, avec des positions de drapeaux que l’on rencontre en Majeur, et pas toujours sur le Tour européen. Des positions de drapeaux à 2 mètres des gros breaks alors que sur le Tour, on est plus à 3 mètres. On est donc plus proche de la punition et ça change la donne, forcément.
Tout jouer à partir de l’Irish Open
Quel va être votre programme à partir de l’Irlande la semaine prochaine ?
Après l’Irish, j’enchaîne avec Wentworth (BMW PGA Championship) et le FedEx Open de France. Ensuite ? Je joue tous les tournois au programme. Après Saint-Nom, je rentrerai à Dubaï quelques jours et je rejoindrai l'Écosse pour l'Alfred Dunhill Links Championship. Cela va être express car je suis obligé de revenir à Lyon le jeudi 25 septembre. Je vais passer lundi, mardi et mercredi à Dubaï.
Vos objectifs ont-ils évolué depuis le début de la saison ?
Non. Je veux aller à la finale de la Race, gagner de nouveau des tournois. L’important, c’est d’être souvent dans les parties de tête. Parce que plus on en prend l’habitude, plus c’est facile. Il faut que je réussisse à me mettre plus souvent dans cette position, même si ça fait 20 ans que je fais ça. On a tendance à perdre cette sensation de stress qui est plus importante qu’un autre jour. Ce détail est très difficile à maîtriser. C’est ça que je recherche.
Au fait, comment va votre dos ?
Je suis dans la gestion, ça va. C’est beaucoup de travail au quotidien pour ne pas avoir de problème. C’est un travail nécessaire. On verra combien de temps ça tient. Cette saison, je passais beaucoup de cut, j’étais assez régulier et puis est arrivé ce petit incident (au KLM Open) avec ce lumbago. Et j’ai raté trois cuts consécutifs derrière. Cela a cassé un peu la dynamique. La saison est néanmoins correcte, je sais que je suis régulier. Je ne suis pas encore mort. J’espère être là encore un bon bout de temps (rires).