Il aurait dû être au départ cette semaine du premier Rolex Series de la saison mais une erreur d’inscription lui barre la route du Yas Links à Abou Dhabi. Revenu pour quelques jours en France avant de repartir dans les Émirats pour disputer le Dubai Desert Classic, Romain Langasque revient sur cette mésaventure et dévoile en même temps ses objectifs pour 2023.

Absent cette semaine à Abu Dhabi, il sera bien au départ du Hero Dubai Desert Classic le 26 janvier prochain... © Luke Walker / Getty Images Europe - AFP

Parti le 2 janvier à Dubaï « pour 15 jours d’entraînement intensif » afin de préparer au mieux la vraie reprise de l’exercice 2023 sur le Tour européen à l’Abu Dhabi HSBC Championship, Romain Langasque, la mort dans l’âme, doit se résoudre à différer son retour. Pour certainement atténuer sa déception, l’Azuréen est rentré se ressourcer en France avant de rejoindre de nouveau Dubaï ce week-end. Pour enfin lancer une saison qui pourrait lui ouvrir en fin d’année les portes du… PGA Tour.

Même si vous avez joué en Afrique du Sud entre la fin novembre et le tout début du mois de décembre, votre saison golfique devait réellement démarrer cette semaine à Abu Dhabi. Or, ce ne sera pas le cas en raison d’un problème d’inscription. Que s’est-il passé ?
Depuis le début de ma carrière, j’ai tout le temps géré mes inscriptions. Je n’ai ainsi jamais demandé à mon agent de s’en occuper. Depuis l’année dernière, nous avons une nouvelle application d’inscription. Auparavant, on pouvait s’inscrire en ligne, sur un site web. Maintenant, cela s’effectue sur le téléphone via une application. Je m’étais inscrit sur les tournois en Afrique du Sud (Ndlr : Joburg Open et South African Open) et je pensais m’être aussi inscrit à Abou Dhabi. Ce qui n’a pas été le cas finalement. C’est donc une erreur de ma part et je ne peux que m’en vouloir.

Quels sont les délais pour s’inscrire sur cette application ?
La deadline intervient le jeudi quinze jours avant le tournoi, à 13 h 00 heure anglaise. Je m’en suis rendu compte une heure après la clôture. Je me suis donc rabattu sur une éventuelle invitation. J’ai fait appel à mon agent, on était en contact avec le Tour européen… Je pensais vraiment avoir l’espoir de décrocher une invitation. Mais ça ne s’est pas fait. Le Tour ne m’a pas aidé sur ce coup-là.

Les invitations étaient-elles déjà pourvues ?
Non. Il en restait trois. On était quatre dans cette situation, à avoir oublié de s’inscrire. Et ils n’ont pas fait la différence entre moi et les autres. Ils ont dit qu’ils ne voulaient pas faire de jaloux dans cette histoire.

C’est d’autant plus rageant que vous aviez brillé l’an passé sur ce parcours du Yas Links puisque vous aviez terminé à la 12e place, empochant au passage le plus gros chèque de votre saison…
C’est très frustrant en effet. C’est l’un des plus gros tournois de l’année. C’est le démarrage. Des événements de la sorte (Rolex Series), il n'y en a que quatre dans l’année, avant la finale de la Race… Non, vraiment, je suis déçu. C’est une erreur à ne pas refaire. Malheureusement, c’est fait. On ne peut plus revenir en arrière. Je suis désormais concentré sur le reste. C’est un tournoi que je m’enlève, mais je m’en ouvre deux autres où je pense qu’il y aura de belles opportunités. C’est là-dessus que je veux maintenant me concentrer. Je vais donc aller jouer à Singapour et en Thaïlande, même s’ils sont moins élevés en termes de champ de joueurs mais où je peux aussi me démarquer.

Quand comptez-vous arriver pour disputer le Hero Dubai Desert Classic de la semaine prochaine ?
J’arrive dimanche soir.

Cela n’aurait-il pas été plus judicieux de rester aux Émirats plutôt que d’effectuer un aller-retour avec l’Europe ?
Concrètement, si on parle juste d’un aspect golf, ça aurait été effectivement mieux que je reste. J’aurais eu de meilleures conditions d’entraînement mais par rapport à l’aspect mental, je me connais, je sais qu’au bout de quatre à six semaines, je commence en avoir un peu marre d’être à l’étranger, en voyage. Je ne voulais pas arriver sur ces tournois à Singapour et en Thaïlande avec un petit moral, avec cette sensation de ne pas vouloir y être. J’avais vraiment besoin de rentrer, de couper… Cela faisait quinze jours que je m’entraînais intensément. Si j’avais été là-bas (dans les Émirats) cette semaine, j’aurais tourné en rond. Là, je vais voir mon coach (Mathieu Santerre), ma famille aussi avant de repartir. Pour moi, c’était important.

Gagner deux tournois sur le Tour européen, finir dans le top 30 de la Race to Dubai, avoir mes stats positives dans mes différents compartiments de jeu…

Quels vont être vos objectifs en 2023 ?
Gagner deux tournois sur le Tour européen, finir dans le top 30 de la Race to Dubai, avoir toutes mes stats positives dans mes différents compartiments de jeu… Voilà pour mes objectifs de fond. Pour mes objectifs sur la forme, faire de meilleure préparation en amont des tournois et une meilleure gestion de mon calendrier, notamment par rapport à 2022 où j’ai beaucoup joué (28 tournois, 19 cuts franchis). À un moment donné dans la saison, j’étais mort à la fois physiquement et mentalement…

Vous allez donc essayer de moins jouer cette année ?
Oui. Déjà, le calendrier 2023 est meilleur. Il y a plus de plages de repos. Cette année, je vais jouer au maximum quatre tournois d’affilée avec deux semaines de break ensuite.

Le top 10 en fin de saison qui valide un droit de jeu sur le PGA Tour, c’est quelque chose que vous visez également ?
Tout à fait. C’est pour cela que je vise le top 30 de la Race. Quand on regarde les quatre dernières années sur le Tour européen, on constate que les joueurs (Ndlr, non exemptés) classés entre 27e et 32e à la Race se seraient qualifiés pour le PGA Tour. Ce qui veut dire que le top 30 est suffisant. J’ai donc évidemment dans un coin de ma tête cet objectif-là.

Jouer sur le PGA Tour, c’est quelque chose qui ne me fait pas peur. Vivre aux États-Unis, c’est en revanche un grand « non » !

Vivre aux États-Unis, cela ne vous fait pas peur ?
Jouer sur le PGA Tour, c’est quelque chose qui ne me fait pas peur. Vivre aux États-Unis, c’est en revanche un grand « non » ! Si c’est le cas, je le ferai sur ce que je fais cette année, c’est-à-dire trois, quatre semaines d’affilée et rentrer ensuite deux semaines en Europe. Et repartir de nouveau trois, quatre semaines… Après, je n’y suis pas encore. Peut-être que je changerai d’avis… J’ai joué avec Tommy Fleetwood il y a une semaine et demi et il me disait qu’il n’a jamais acheté une maison là-bas mais qu’il louait plutôt des maisons entre les tournois. Cela peut être une option. Je me pencherai sur le sujet le cas échéant.

À long terme, pensez-vous que ces dix places soient une bonne ou une mauvaise chose pour l’avenir du DP World Tour ?
Pour les joueurs, je pense que c’est bon puisque cela va nous créer de très belles opportunités. On ne peut pas rêver mieux. Pour le Tour européen en lui-même, je ne pense pas que ce soit bon car ça va devenir quelque part la deuxième division mondiale.

La Ryder Cup, je l’ai dans un coin de ma tête. Si jamais je fais une très belle année, il y a largement la possibilité d’y être. Mais il n’y a pas de marge d’erreur. Il ne faut pas se rater...

Il y a cette semaine une douzaine de joueurs du LIV Golf inscrits à l’Abu Dhabi HSBC Championship. Quelle est votre position sur leur présence sur le DP World Tour alors qu’ils sont bannis sur le PGA Tour ?
Je suis très content qu’ils soient là. Cela ne me pose aucun problème. C’est la concurrence. S’ils sont bannis (Ndlr, un jugement doit être prononcé à Londres dans premiers jours de février), les champs des tournois deviendront un peu moins bons. Alors, ce sera peut-être mieux pour nous car ce sera, qui sait, plus facile de gagner de l’argent, plus facile de finir plus haut au leaderboard, etc. Mais bon, je ne pense pas que ce soit la solution à long terme. Je ne pense pas que ce soit aussi ce que l’on veut. Nous, on veut se confronter aux meilleurs du monde.

Entre vendredi et dimanche dernier, il y a eu la Hero Cup, à Abou Dhabi justement. Une répétition générale avant la Ryder Cup prévue en septembre à Rome (Italie). Avez-vous regardé cette compétition à la télévision ?
Oui, j’ai regardé. J’ai trouvé ça très sympa. C’est une belle préparation pour la Ryder Cup. Mais ce que je regrette, c’est qu’on organise ça à Abou Dhabi. Il n’y a pas de public, pas de fans… C’est dommage car dans ce genre de match par équipes, la présence des fans fait aussi partie de la compétition. Et là, à la télévision, ça me paraissait très ennuyeux. Mais j’aurais aimé y être. En plus, l’Europe continentale a gagné !

La Ryder Cup, c’est encore très loin pour vous à l’heure où l’on parle ?
C’est un objectif qui est très élevé. Mais je l’ai dans un coin de ma tête. Si jamais je fais une très belle année, il y a largement la possibilité d’y être. Mais il n’y a pas de marge d’erreur. Il ne faut pas se rater...