Le golf de Saint-Nom-la-Bretèche accueillait, lundi et mardi en lever de rideau du FedEx Open de France, une épreuve du G4D, circuit paragolf du DP World Tour. Une première sur le sol français, à laquelle les Tricolores Alexia Girault et Mathieu Lebon ont pu participer.
Même parcours, manucuré à la manière qui est celle, prouvée maintes fois dans l'histoire, de Saint-Nom-la-Bretèche. Même décor, avec les tours de télévision (parfois caméra comprise) et les grandes tentes d'hospitalité, sur lesquelles est placardé le logo du FedEx Open de France. Mêmes chasubles sur leurs caddies, que le DP World Tour les autorise à avoir durant ces deux jours de compétition. En résumé, les dix joueurs et joueuses qui ont participé à l'épreuve française du G4D, lundi et mardi à Saint-Nom, ont été mis exactement dans les mêmes conditions que ceux qui prendront le départ, jeudi, de l'open national. Une opportunité hors du commun pour ces paragolfeurs, dont faisaient partie les Français Alexia Girault et Mathieu Lebon.
« Aucune différence, juste le handicap physique qui change »
Le G4D, abréviation du terme golf for the disabled qui désigne le paragolf en anglais, est un circuit créé par le DP World Tour, et lancé en 2022. Son principe est d'organiser des tournois ouverts aux golfeurs en situation de handicap en les accolant à des tournois du circuit professionnel, afin de leur permettre d'évoluer sur les mêmes parcours, et de profiter de la résonance médiatique associée. Cette saison 2024-25 contient un total de sept tournois, l'étape de Saint-Nom-la-Bretèche étant l'avant-dernière. L'une des particularités de ces tournois est de proposer soit une formule en brut, soit, comme c'était le cas lundi et mardi en France, une formule en net. « Ça permet d'ouvrir à plus de joueurs, en pouvant sélectionner des index plus élevés », explique Mathieu Lebon.
Lui comme Alexia Girault ont reçu une invitation à jouer ce tournoi sur 36 trous en stroke play (et donc en net) en vertu du classement tenu par l'EDGA, l'association européenne de paragolf. Laquelle organise elle aussi plusieurs épreuves au cours de la saison, mais bien évidemment, avec les moyens mis en œuvre par le DP World Tour, le G4D offre un cadre sans commune mesure. « Tout est calé, millimétré, la préparation du parcours est incroyable, illustre Mathieu Lebon. On a accès au même practice et aux mêmes installations que les joueurs professionnels de cette semaine. Il n'y a aucune différence, juste le handicap physique qui change. »
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Au practice avec : Alexia Girault, paragolfeuse
Les deux Français jouant ce tournoi n'en sont pas à leur première expérience sur le G4D. Tous les deux ont participé à l'épreuve qui avait précédé l'Estrella Damm N.A. Andalucía Masters, l'an passé en Espagne. Mathieu Lebon y avait même terminé deuxième. Alexia Girault, elle, a également été sélectionnée pour jouer en amont du Betfred British Masters, sur le prestigieux parcours anglais du Belfry, le mois dernier. Mais évidemment, alors que le G4D honorait sa première date dans l'Hexagone, l'émotion a été particulière d'évoluer en France pour tous les deux. « Avoir une invitation à la maison, ça n'a pas de prix, livre Alexia Girault. Et puis Saint-Nom-la-Bretèche, c'est un club historique. Quand j'étais petite, il y avait le Trophée Lancôme qui se jouait ici », se souvient celle qui, en 2006, a subi une tumeur vasculaire dans la moelle épinière, et garde aujourd'hui des séquelles de paraplégie.
« C'est une chance, en tant que Français, de jouer le G4D ici », rebondit Mathieu Lebon, au sortir du practice où il tapait quelques instants plus tôt des balles à quelques mètres de Min Woo Lee, l'Australien 43e joueur mondial. La veille, ce joueur du golf de Vaugouard, dans le Loiret, victime d'un accident de moto en 2013 et amputé d'une partie de la jambe gauche, s'était retrouvé à s'entraîner à côté de Brooks Koepka, cinq fois vainqueur en Majeur. « Ça impressionne toujours un peu, mais ça fait travailler le mental, sourit-il. J’ai croisé aussi Antoine Rozner, que j’avais déjà croisé en Espagne, et avec qui j'ai pu parler. »
« Ça permet de s’évader un peu »
Tous les deux décrivent à l'unisson une très belle ambiance parmi les concurrents des épreuves du G4D. « Ça nous permet de nous retrouver entre paragolfeurs du monde entier, de vivre des belles expériences, avec de belles rencontres, des gens qu’on est content de serrer dans nos bras », confie Alexia Girault. Il n'empêche, cela reste de la compétition. Laquelle fût d'ailleurs plutôt dure pour les deux Tricolores : 9e place pour Alexia Girault à +22, et 10e place pour Mathieu Lebon à +29. « Nous avons, pour la plupart, traversé de grosses épreuves de la vie, développe ce dernier. Donc pour ma part, je prends beaucoup de recul. On fait de notre mieux, car nous restons des compétiteurs. La vie avec un handicap n’est pas facile tous les jours, donc ça permet de s’évader un peu. »
Même si le DP World Tour prend à sa charge le logement et la restauration méridienne pour tous les participants des épreuves du G4D, ce dernier reste principalement un circuit d'amateurs. Celui qui est chargé d'affaires dans une entreprise du bâtiment comme celle qui est chef de projet dans un cabinet d'architecture à Agen seraient donc restés avec joie pour assister au FedEx Open de France. Mais dès mercredi, lendemain du second tour, il leur faudra reprendre le chemin du bureau. Avec, tout de même, des souvenirs plein la tête.
Avec Parakids golf, quatre sessions d'initations à Saint-Nom
À l'occasion du premier tournoi du G4D organisé en France, lundi et mardi à Saint-Nom-la-Bretèche, quatre initiations au golf ont été menées, dans le cadre du projet Parakids golf. Quatre groupes d'enfants en situation de handicap, issus d'établissement médico-sociaux de l'Île-de-France, ont ainsi découvert la discipline, s'essayant au putting, aux approches, et observant les joueurs du DP World Tour sur le parcours et au practice, mais également ceux et celles du G4D. « C'est intéressant, car pour des enfants en situation de handicap mental, voir des joueurs à qui il manque un bras ou une jambe, ça leur permet de constater que l'on peut jouer au-delà des différences. Le maître mot, c'est que tout le monde peut jouer et s'amuser », souligne Aurélien Lacour, référent national Jeunes, Scolaires & Paragolf à la Fédération française de golf, et qui organisait ces initiations.
Plus d'informations sur le projet Parakids golf en suivant ce lien.