Malgré le fait d'avoir décroché ses droits de jeu sur le DP World Tour lors des Cartes en novembre dernier, Bastien Amat n'a pu jouer que huit épreuves jusqu'à présent sur une première division où il peine à entrer dans les champs des tournois. Une histoire, essentiellement, de catégories et de classements. Explications.

Bastien Amat joue cette semaine à Pléneuf, pour le compte de la deuxième division européenne. © Jan Kruger / Getty Images - AFP

Le 12 novembre 2024, l'heure était à l'euphorie pour Bastien Amat et tout son entourage. Tout juste passé professionnel, après une carrière amateur qui l'avait mené jusqu'au top 15 mondial et à sa première participation à un Majeur (l'U.S. Open 2023), le natif du Pas-de-Calais décrochait sans attendre sa carte sur le DP World Tour, la première division européenne. Mieux encore : en terminant 7e des Cartes, où les 20 premiers et ex æquo finissaient avec le sésame en poche, il s'assurait une bonne place au sein de la catégorie spécifique des promus de la Q-School, ce qui devait lui assurer la participation à un certain nombre de tournois pour la saison 2024-25.

Sept mois plus tard, ladite saison a largement passé le cap de la mi-course, avec 23 événements disputés sur 42 prévus. À combien de tournois Bastien Amat a-t-il pu participer ? Seulement huit. Le résultat conjugué d'une spécificité de sa catégorie, d'une configuration particulière de cette saison européenne, de quelques semaines de contre-performances en tout début d'exercice, et aussi de cuts loupés à très peu de choses, dans des occasions où la pièce a manqué de tomber du bon côté. Frustrant, mais pas démoralisant pour le joueur désormais rattaché à l'Evian Resort Golf Club, qui accepte son sort et prend son mal en patience en jouant sur la deuxième division de l'HotelPlanner Tour, par exemple cette semaine à l'occasion du Blot Play9, en Bretagne.

Catégorie 18 : reclassement permanent

En ayant terminé dans les places qualificatives lors de la finale des Cartes en novembre, Bastien Amat fait partie des titulaires de la catégorie 18 du DP World Tour. Une catégorie qui présente une spécificité par rapport aux autres : le classement des joueurs en son sein, qui a démarré en prenant tout simplement le classement de la finale des Cartes, est révisé à la fin de chaque "swing" du circuit européen. En effet, ce dernier divise depuis l'an dernier son calendrier en séries de plusieurs tournois (généralement entre cinq et neuf), baptisées "swings". Ainsi, la saison 2024-25 a démarré par l'Opening Swing, qui menait les joueurs à travers cinq tournois en Australie, en Afrique du Sud et à l'Île Maurice. À l'issue de ces cinq tournois d'ouverture, la catégorie 18 a subi son premier "re-ranking", autrement dit la première révision de son classement interne. 

« Les quatre meilleurs de notre catégorie sont reclassés devant les autres à la fin de chaque swing », explique Bastien Amat. Lequel a immédiatement fait les frais de cette disposition : n'ayant pu rentrer que dans deux des cinq tournois et ayant loupé le cut à chaque fois, il voyait d'emblée quatre joueurs lui passer devant. « Bravo à eux, reconnaît sportivement l'ancien n° 1 amateur français. En passant en tête de la catégorie, ça leur a permis de jouer un ou deux tournois de plus que moi. Et du coup, ils ont marqué des points pour le re-ranking suivant. »

Lors du swing suivant en effet, l'International Swing, Bastien Amat n'a pu disputer que deux tournois, sur les sept au programme. Ses espoirs n'étaient pas tant sur le Hero Dubai Desert Classic, estampillé Rolex Series et donc assez naturellement hors de portée des promus des Cartes, mais plutôt sur les étapes de Ras Al Khaimah puis de Bahreïn, les deux semaines suivantes. Or, dans ces deux cas, il n'a pas pu intégrer les champs de joueurs non plus. « L'an dernier, il y a eu à peu près 12 joueurs issus des Cartes qui sont rentrés, note-t-il. J'avais déjà tout préparé sur place, le transport, le logement, etc. Et finalement, il a fallu que je prenne un autre avion pour aller jouer sur l'HotelPlanner Tour en Afrique du Sud. » Tout juste a-t-il eu le temps, la semaine suivante, de franchir son premier cut sur le DP World Tour au Qatar (58e place), puis d'en louper un de très peu au Kenya, et il lui a fallu de nouveau faire l'impasse sur les deux étapes sud-africaines du DP World Tour, cosanctionnées avec le Sunshine Tour, le circuit local. « Le Sunshine Tour avait plus de la moitié du champ pour ses joueurs », explique simplement le Nordiste. Résultat : mi-juin, et alors qu'un nouveau re-ranking est intervenu à la fin de l'Asian Swing, Bastien Amat, avec huit tournois joués en première division et un cut franchi, est désormais 21e de la catégorie 18. En étant parti 7e.

 

Une saison particulière

Les affres de la catégorie 18 sont une chose, mais par ailleurs, la saison 2024-25 du DP World Tour se présente dans une configuration particulière, principalement sur deux aspects. Et il se trouve que les deux ne font pas particulièrement les affaires de Bastien Amat. La première est le nombre d'exemptions médicales. La catégorie 10a, dont fait par exemple partie le Français Julien Brun, compte ainsi cette saison neuf joueurs. Si tous ont entière légitimité à figurer dans cette catégorie, il n'empêche que ce nombre est un peu plus élevé que d'autres années, ce qui rejaillit sur les catégories au-delà, par exemple la 18. Et comme l'explique Bastien Amat : « Ça ne paraît pas comme ça, mais une ou deux personnes en plus, ça peut nous faire rater quelques tournois. Par exemple, pour le Soudal Open (du 22 au 25 mai, NDLR), je pensais que j'allais rentrer, mais j'ai fini premier joueur réserve. Il peut y avoir deux ou trois tournois comme ça dans l'année, et on ne sait pas, ça peut être des semaines où on aurait pu aller chercher un top 5. »

Autre disposition particulière de cette saison : le calendrier. La répartition des tournois offre aux joueurs des hautes catégories davantage de semaines de repos "naturelles", leur épargnant de devoir louper un tournoi pour prendre du repos. De fait, les joueurs ayant conservé leur carte sur le DP World Tour la saison passée garnissent un peu plus les champs des tournois, poussant les promus plus proches des places de réserve.

Sept cuts loupés à deux coups ou moins

Par la conjugaison de tous ces facteurs, Bastien Amat est donc apparu "seulement" huit fois sur le DP World Tour cette saison, et à sept reprises sur la deuxième division de l'HotelPlanner Tour. La huitième est pour cette semaine, puisqu'il prendra le départ, jeudi, du Blot Play9 (lire plus loin). Pour ce qui est du grand circuit, sa seule participation sûre à horizon visible est pour la semaine prochaine, à l'Italian Open. Mais ne comptez pas sur lui pour se plaindre de son sort à longueur de temps. Déjà car cela fait peu partie du tempérament du bonhomme, et ensuite car il n'omet pas l'un des paramètres de l'équation : ses propres performances. « Je venais d’une saison amateur où j’avais super bien joué au golf, j’étais très constant dans mes résultats, livre-t-il. Au début de cette année, j’ai bien joué mais sans résultat, je me suis dit que ça allait venir. » Sauf que les résultats ont plutôt été en sa défaveur, et souvent à pas grand-chose. DP World Tour et HotelPlanner Tour confondus, il en est en effet à sept cuts loupés à deux coups ou moins, en 15 tournois au total. « J'ai eu la chance de parler avec les joueurs français des deux circuits qui sont tous hyper bienveillants, souligne-t-il. Ils m'ont dit que c'était normal d'avoir plein de choses à apprendre dans sa première année, et que je n'étais pas loin. »

39 Français engagés à Pléneuf

Bastien Amat fait partie du contingent de 39 Français qui prendra le départ, ce jeudi, du Blot Play9. Prononcez bien "Play-neuf", à la française, la première étape tricolore de l'HotelPlanner Tour version 2025 étant disputé sur le Golf Bluegreen de... Pléneuf. Sur le littoral costarmoricain, les têtes d'affiche françaises seront notamment Clément Charmasson, vainqueur sur la deuxième division il y a un mois, ou bien Edgar Catherine, récent vainqueur de l'Open PGA France de Roissy. Noé Gouriou et Baptiste Touchard sont quant à eux les deux amateurs tricolores du champ. 

Le golf ne sera pas seul au programme, puisque deux soirées de concert sont prévue, vendredi et samedi. Au programme :

  • Vendredi 20 juin : Yuksek, Isaac Delusion, Mosimann, Irène Dresel, Angara.
  • Samedi 21 juin : Poppie, Feder, Fakear, Bakermat, Môme.

Infos et billetterie en suivant ce lien.

Et maintenant ?

Après l'euphorie de l'obtention de sa carte puis la déception de jouer peu de tournois, Bastien Amat est désormais entré dans la phase de l'acceptation. « Jusqu'à la fin de cette saison, j'ai basé mon calendrier sur l'HotelPlanner Tour, et si je vois à l'avance que je peux aller sur un tournoi du DP World Tour, j'y vais », détaille-t-il. Participer à des tournois de la première division demeure en effet important, afin de lui assurer d'accéder au DP World Tour Earnings Assurance Program. En place depuis 2022, ce dispositif garantit un minimum de 150 000 $ de dotation à chaque joueur participant à une part suffisante des tournois auquel il a accès. Un aspect non négligeable pour un joueur qui effectue sa première saison chez les professionnels.

Autre atout dans la manche du Français : la possibilité d'inscrire des points à la Road to Mallorca (R2M), le classement de l'HotelPlanner Tour, en disputant des tournois du DP World Tour. Le principe est simple : s'il dispute un tournoi de première division une semaine où se joue également un tournoi de la deuxième, il peut inscrire les points qu'il aurait inscrits en terminant à cette même place. Par exemple, sa 58e place au Qatar début février lui a donné le même nombre de points que la 58e place du tournoi sud-africain qui s'est déroulé en parallèle. Actuel 229e de la Race to Dubai, Bastien Amat est par ailleurs 193e de la R2M. « La porte reste toujours ouverte pour une semaine de golf parfaite, avec un gros résultat », positive-t-il. Ce qui aurait le gros avantage de le faire changer de catégorie. Au propre comme au figuré.