De retour au Royal Liverpool neuf ans après l'exploit XXL de Rory McIlroy, le dernier Majeur de la saison s'annonce passionnant. Qui succèdera à l'Australien Cameron Smith ?

Le Royal Liverpool Golf Club accueille The Open pour la 13e fois. © Liam Allan / R&A via Getty Images

Le tournoi

Né en 1860, The Open ou encore British Open, dont Rolex est le partenaire historique depuis 1981, est le plus vieux des quatre Majeurs du golf professionnel. La première édition s'est en effet disputée le 17 octobre 1860 au Prestwick Golf Club, sur la côte ouest de l'Écosse, dans l'Ayrshire. Huit concurrents étaient au départ sur un format sur trois tours et sur… douze trous. Vainqueur trois fois d'affilée entre 1868 et 1870, Young Tom Morris conserva la Challenge Belt, la ceinture de cuir marocain rouge offerte au lauréat. N'ayant aucun trophée disponible pour l'édition de 1871, celle-ci n'a pas eu lieu ! La Claret Jug, une aiguière d'argent, fut mise en jeu à partir de 1872.

Depuis lors, à l'exception des annulations liées aux deux conflits mondiaux (de 1915 à 1919 et de 1940 à 1945) et à la pandémie de Covid (2020), The Open effectue chaque année une rotation sur plusieurs sites. Dix sont actuellement actifs : St Andrews, Muirfield, Royal St George's, Royal Liverpool, Royal Troon, Royal Lytham & St Annes, Carnoustie, Royal Portrush, Royal Birkdale et Turnberry. Quatre autres ont été abandonnés, désormais inadaptés pour recevoir un tel événement : Prestwick Golf Club, Musselburgh Links, Royal Cinque Ports Golf Club et Prince's Golf Club.

Le site

Fondé en 1869 sur le site de l'hippodrome du Liverpool Hunt Club, le Royal Liverpool Golf Club reçoit l'événement pour la 13e fois après 1897, 1902, 1907, 1913, 1924, 1930, 1936, 1947, 1956, 1967, 2006 et 2014. Il est géographiquement niché dans la petite ville d'Hoylake, au sud-ouest de la péninsule de Wirral. L'amateur anglais Harrold Hilton fut en 1897 le premier vainqueur d'un open britannique au Royal Liverpool. Certains grands noms du golf moderne lui ont succédé depuis ici, tels Walter Hagen (1924), Bobby Jones (1930), Peter Thomson (1956), Roberto de Vicenzo (1967), Tiger Woods (2006) ou encore Rory McIlroy (2014). Outre The Open, on y a organisé dix-huit British Amateur masculins (entre 1885 et 2000), trois British Amateur féminins (1896, 1989, 1996) mais aussi le British Open féminin en 2012 (remporté par la Sud-Coréenne Jiyai Shin), deux Walker Cup et une Curtis Cup.

Le parcours

Conçu aux origines par Robert Chambers et George Morris, le frère cadet d'Old Tom Morris, quatre fois vainqueur de The Open entre 1861 et 1867, il a été étendu à dix-huit trous en 1871 avant d'être redessiné au tout début du XXe siècle par Harry Colt, l'un des plus grands architectes de l'histoire du golf. Plusieurs fois modifié depuis, ce pur links de bord de mer, encore étalonné en par 72 (6686 m) en 2014, est passé pour cette 151e édition en par 71 long de 6751 mètres. Les trous 10 et 16 sont passés d'un par 5 à un par 4 alors que les trous 15 et 17, respectivement par 3 et par 4, sont devenus un par 5 (567 m) et un par 3 (124 m).

Une vue du trou n° 11. © David Cannon / R&A via Getty Images

La dotation

Elle était de 14 millions de dollars en 2022 pour le 150e Open de l'histoire à St Andrews. Celle-ci a été augmentée de 18 % cette année : elle atteint désormais 16,5 millions de dollars (14 921 626 euros). Le vainqueur repartira d'Hoylake avec un chèque de 3 millions de dollars (2 713 023 euros).

Le tenant du titre

Accusant quatre coups de retard au départ du dernier tour à St Andrews l'an passé, Cameron Smith était parvenu à signer une fantastique carte de 64 (-8), l'emportant finalement à -20, respectivement d'une et de deux longueurs sur l'Américain Cameron Young et le Nord-Irlandais Rory McIlroy, en tête après 54 trous. L'Australien, qui fêtera ses 30 ans le 18 août prochain, a depuis quitté le PGA Tour (cinq fois victorieux dont le Players Championship 2022) pour rejoindre le LIV Golf, circuit parallèle soutenu financièrement par le Fonds d'investissement public (PIF) d'Arabie saoudite. Classé 34e du Masters en avril dernier, il a pris la 9e place au PGA Championship à Rochester (New York) avant de terminer 4e à l'U.S. Open, remporté il y a un mois par l'Américain Wyndham Clark.

Rory McIlroy, dernier vainqueur à Hoylake, en 2014. © David Cannon / R&A via Getty Images

McIlroy, neuf ans plus tard…

Rory McIlroy, 34 ans, est le dernier golfeur à s'être imposé au Royal Liverpool dans un open britannique. C'était le 20 juillet 2014. Le Nord-Irlandais, qui vient de décrocher un second succès cette saison dans un Rolex Series au Genesis Scottish Open, n'avait jamais quitté la première place du tournoi durant les quatre tours, devenant à ce titre le septième joueur à réussir ce tour de force après Ted Ray en 1912, Bobby Jones en 1927, Gene Sarazen en 1932, Henry Cotton en 1934, Tom Weiskopf en 1973 et Tiger Woods en 2005. Il s'était imposé avec un score de -17, deux coups devant l'Américain Rickie Fowler et l'Espagnol Sergio García. Il accrochait alors à son palmarès un troisième Majeur après l'U.S. Open 2011 et le PGA Championship 2012. Il devait récidiver un mois plus tard en gagnant un second PGA Championship, au Valhalla Golf Club à Louisville (Kentucky). C'est à ce jour son dernier exploit en Grand Chelem…

Arnaud Massy, pour l'éternité !

Le Basque, décédé le 16 avril 1950 à l'âge de 72 ans, est toujours le seul et unique vainqueur français d'un Majeur. Il est aussi entré dans l'histoire du golf en devenant le premier non-britannique à remporter The Open. Cet exploit, il l'a réalisé du 20 au 21 juin 1907 au Royal Liverpool Golf Club (à l'époque, on jouait 36 trous dans la journée), dans le vent et sous la pluie ! Grâce à quatre cartes de 76, 81, 78 et 77, il l'emportait avec deux coups d'avance sur l'Anglais J.H. Taylor, considéré alors comme l'un des plus grands golfeurs de tous les temps, vainqueur de cinq opens britannique (1894, 1895, 1900, 1909 et 1913). Battu en play-off au Royal St George's en 1911 par Harry Vardon, Arnaud Massy affiche trois top 5 et sept top 10 à The Open. Blessé à Verdun durant la Première Guerre mondiale, quatre fois victorieux de l'Open de France (1906, 1907, 1911, 1925), il disputa son dernier The Open en 1930 au… Royal Liverpool !

Records en tous genres

À 46 ans et 102 jours, Old Tom Morris est toujours le plus vieux vainqueur d'un British (1867) alors que son fils, Young Tom Morris, demeure à ce jour le plus jeune lauréat : 17 ans et 156 jours, en 1868. L'Anglais Harry Vardon affiche le plus grand nombre de succès : 6 (1896, 1898, 1899, 1903, 1911 et 1914). Le Suédois Henrik Stenson détient le score final le plus bas jamais réalisé sur 72 trous : -20 en 2016 (au Royal Troon, par 71). Le Sud-Africain Branden Grace possède pour sa part la carte la plus basse postée sur un tour : 62 (-8) au 3e tour de The Open 2017 au Royal Birkdale. Une édition où s'était imposé le Texan Jordan Spieth, l'un des plus prestigieux ambassadeurs Rolex, dans un bras de fer épique avec Matt Kuchar.

En 2014, pour la dernière venue de The Open au Royal Liverpool, une affluence de 202 197 personnes avait été enregistrée. Un score moins bon qu'en 2006 où on avait recensé 230 000 personnes, une « performance » certes favorisée par une météo estivale et des températures élevées. Le record « toutes catégories » dans The Open étant la propriété de St Andrews l'an passé avec 290 000 spectateurs. Le Saint des Saints détenait déjà le précédent record – 239 000 personnes – enregistré en 2000.

Les Français en lice

Victor Perez, Romain Langasque et Antoine Rozner sont les trois Français engagés dans cette 151e édition. Depuis la première en 1897 au Royal Liverpool, seize golfeurs tricolores ont jusque-là foulé ce parcours mythique. La palme revenant évidemment à Arnaud Massy, présent à Liverpool en 1902, 1907, 1913, 1924 et 1930. Il a disputé 21 British Open entre 1902 et 1930, dont 16 d'affilée entre 1902 et 1922.

Depuis le succès du Basque en 1907, c'est Marcel Dallemagne qui conserve toujours le meilleur résultat à Hoylake avec une 3e place obtenue en 1936. Depuis l'après-guerre, les performances françaises se sont faites, hélas, bien plus rares. Seul Victor Dubuisson est ainsi parvenu à terminer dans un top 10, s'offrant une solide 9e place en 2014, à sept longueurs de Rory McIlroy.