Sur cette année 2021, l’Alps Tour a plutôt bien réussi à nos Français et surtout à nos meilleurs amateurs. Paul Margolis en est le parfait exemple, lui qui y a décroché un droit de jeu pour le Challenge Tour. Mais pourquoi ce circuit a-t-il souri aux Bleus ? Décryptage avec les principaux acteurs de l’année.

Amateur en début de saison, Paul Margolis est passé pro après avoir décroché une catégorie sur le Challenge Tour pour 2022. © Alps Tour

Le slogan du circuit est assez explicite pour nous donner un premier axe de réponse : « Raising golf stars », en français « faire naître des stars du golf ». Même si pour l’instant les noms qui en sortent n’en sont qu’au début de leur carrière, l’Alps Tour a été sur la route de nos champions tricolores comme Victor Perez ou Antoine Rozner. Aujourd’hui, ce circuit fait partie intégrante d’une stratégie mise en place par le haut niveau amateur pour mettre rapidement les meilleurs au contact du monde professionnel : « Les joueurs de l’équipe de France ont eu la chance d’évoluer sur ce circuit presque toute la saison. C’est une stratégie qu’on a voulu mettre en place en prévision des Mondiaux 2022 avec pour objectif de les préparer au haut niveau et de démystifier un peu le côté gros tournoi, explique Mathieu Santerre, coach au sein de la filière masculine. On veut qu’ils jouent sur des tournois pro plus souvent pour apprendre, gagner du temps et aussi parce que le circuit est un peu devenu un passage obligatoire. »

En effet, les différentes épreuves des cartes n’étant plus d’actualité en cette période, passer par l’Alps Tour pour s’offrir des catégories est l’option la plus adéquate à la progression d’un jeune joueur. Au-delà de ça, c’est aussi un gain de temps sur le plan psychologique pour des garçons comme Tom Vaillant ou Martin Couvra, pour ne citer qu’eux : « Nos jeunes sont super bien préparés, ils sont capables de performer rapidement alors autant les lancer directement dans le grand bain. Le réel avantage d’avoir ce statut d’amateur et d’évoluer ponctuellement sur ce circuit, c’est d’y aller sans pression. Nos amateurs ne sont pas là pour gagner de l’argent ou vivre de leurs résultats. Ils sont là pour apprendre, hausser leur niveau de jeu, et ça marche vraiment pour certains qui sont allés jusqu’à s’imposer », ajoute Mathieu Santerre.   

Ainsi, un garçon comme Martin Couvra a décroché une pleine catégorie sur l’Alps Tour pour l’an prochain grâce à sa victoire lors de la finale des cartes. Une année 2022 qu’il va donc passer en tant qu’amateur, à joueur avec des pros, sur un circuit pro, bien « planqué » pour continuer son apprentissage : « On joue avec des gars qui exercent leur métier. Moi je suis là pour gagner de l’expérience et travailler encore plus. De manière générale on s’en sort bien parce qu’on est très bien préparés, et c’est juste incroyable de profiter de cette situation. C’est un confort très appréciable, on a moins de pression quand on va sur les tournois en tant qu’amateur et surtout derrière quand on quitte les tournois pros, tout nous semble plus facile. Je pense que le réel gain de temps est là, et que c’est le chemin à prendre pour réussir une carrière chez les pros », explique Martin Couvra.

C’est un très bon refuge et un bon moyen pour se tester.

Paul Margolis, joueur professionnel

Paul Margolis comme meilleur exemple

Une victoire sur le circuit, trois top 10 et un seul cut manqué sur 13 tournois, c’est le bilan de l’année pour Paul Margolis. Amateur en début de saison et maintenant professionnel, le joueur de Terre Blanche va évoluer l’an prochain sur le Challenge Tour après sa sixième place au mérite de l’Alps Tour. Une étape dans sa carrière de golfeur qui est un peu arrivée par surprise, mais qui ne serait jamais apparue sans son implication totale sur la troisième division européenne : « Honnêtement, au début c’était pour du gain d’expérience, mais je savais qu’en jouant bien je pouvais gagner ma place pour le Challenge Tour. Comme j’ai gagné au deuxième tournoi de la saison, ça s’est un peu imposé à moi. Toute ma saison a ensuite tourné autour de ça. C’est un très bon refuge et un bon moyen pour se tester. Maintenant j’ai eu cette chance de jouer ces tournois en tant qu’amateur tout en ayant ma vie de golfeur avec l’équipe de France. Sans cet équilibre, ça aurait peut-être été différent », raconte Paul Margolis.

Le Français s’est finalement senti à l’aise, pas au point de rester sur ce circuit, a-t-il confié par téléphone, mais au point de le prendre suffisamment au sérieux pour devenir un meilleur golfeur issu d’un circuit parfois un peu dénigré : « Je ne m’attendais pas à jouer des parcours incroyables dans des conditions incroyables, mais en même temps est-ce que je méritais mieux que ça ? Je ne pense pas. C’est comme si j’étais un joueur de foot de National 3 mais que je jouais tous les week-ends au Stade de France. Ça ne marche pas comme ça. Il a fallu tout au long de la saison sortir des scores, être impliqué pour passer au niveau du dessus. Et en empruntant ce chemin je pense être devenu un meilleur golfeur. Ce n’est que du bonus pour moi d’avoir eu cette année presque complète sur le circuit et d’en sortir professionnel et bien préparé. »