Sophie Giquel et Marion Ricordeau, anciennes joueuses professionnelles et jeunes mamans, goûtent à nouveau au bonheur de jouer à haut niveau à l'occasion de la Golfers' cette semaine à Biarritz, en attendant de pouvoir le faire en famille.

« Quand les gens me disent qu'Inès jouera peut-être au golf, je leur réponds que ce n'est pas "peut-être", mais que c'est une certitude, car cet enfant n'aura pas le choix ! » rigole Marion Ricordeau quand on lui demande si elle compte mettre un club dans les mains de sa fille. L'initiation attendra, certes, puisque la progéniture de l'ancienne joueuse du Ladies European Tour et du LPGA Tour est née fin janvier, mais l'intention de la maman est claire : « J'habite sur un golf maintenant (celui de Chantilly, dont son mari est directeur, ndlr), donc voir des balles, entendre des balles, ça fait partie de son quotidien depuis qu'elle est née. Le golf, elle va le vivre tous les jours, et je pense qu'on n'aura pas besoin de la forcer. Et puis forcément, avec des parents qui jouent, par mimétisme elle s'y mettra aussi. C'est quand même le sport qu'on peut faire en famille à tous les âges et tous les niveaux, et elle pourra donc jouer avec ses parents et ses grands-parents ! » poursuit celle qui porte les couleurs du Golf de Saint-Germain, l'une des seize équipes en lice cette semaine au championnat de France par équipes Dames de 1re division.
Tout nouveau pour Marion Ricordeau, le rôle de maman est le quotidien de Sophie Giquel depuis un peu plus de deux ans, et la naissance de Gabin en février 2023. « Avoir un enfant, c'est vraiment ce qui m'a motivée à me remettre au golf », admet la Bretonne, elle aussi passée par les circuits européen et américain au cours d'une carrière longue de quinze ans. « J'ai envie de jouer avec mon fils ! Pour l'avoir vécu moi-même, le golf est une magnifique école de la vie, on y apprend des valeurs qui sont précieuses dans la vie de tous les jours. Donc si je peux lui transmettre ça à travers le golf, j'en serai la plus heureuse. Et puis, évidemment, j'ai envie de partager des moments sur un parcours avec lui et mon mari (Axel Bettan, caddie sur le LPGA Tour, ndlr), qui joue aussi : faire ça en famille, ce serait vraiment chouette ! » En attendant d'avoir l'âge d'aller à l'école de golf, le jeune Gabin s'exerce déjà en accompagnant sa mère au Golf Club de Lyon : « Il a un petit putter, il jette des balles, il fait des descentes dans le swing... Il est déjà piquouzé ! »
Retour à la case départ
Avant de pouvoir fouler les fairways en famille d'ici quelques années, les deux jeunes anciennes proettes sont confrontées aujourd'hui à une réalité bien plus terre-à-terre, dont toutes les mamans golfeuses ont fait l'expérience : reprendre une activité physique à la suite d'une grossesse. « Je n'ai jamais pensé que je ne pourrais plus jouer au golf. Je savais que ce ne serait pas possible pendant un petit moment, car le corps ne permet pas de rejouer tout de suite après un accouchement, mais je savais aussi que je reviendrais », assure Marion Ricordeau.
À raison de quelques seaux de balles tapés entre deux siestes d'Inès et d'un Grand Prix sur trois tours en guise de préparation, la joueuse de 38 ans est progressivement revenue au jeu ces dernières semaines, mais a conscience de ses limites actuelles. « Quand on s'y remet, on a forcément beaucoup moins de muscles qu'avant, aucune condition physique, donc il faut accepter que ça prenne un peu de temps. La distance et les contacts, ça met un peu de temps à revenir, mais ça revient peu à peu. Par contre le putting, je pensais que ça reviendrait vite, car c'est purement de la technique, mais en fait j'ai du mal car je ne me suis pas entraîné à ça, et c'est vraiment la répétition qui compte pour être à l'aise sur les greens », explique-t-elle.

« C'est difficile de retrouver un niveau acceptable, et ce n'est pas lié qu'à la grossesse », confirme Sophie Giquel. « C'est surtout lié à la préparation physique, ou plutôt à l'absence de préparation physique. Si après être devenue maman on a le temps de travailler de façon régulière, ce n'est pas trop un souci de revenir à un niveau correct. Mais ce n'est pas vraiment mon cas aujourd'hui : je ne fais pas beaucoup de sport, en tout cas pas assez pour retrouver la tonicité musculaire qui me permettrait d'avoir du jus comme je pouvais en avoir à l'époque. Ça n'a rien à voir avec mes années sur le circuit : j'ai l'impression d'être une autre joueuse », admet la joueuse qui porte les couleurs du Golf Club de Lyon, sa deuxième maison depuis une douzaine d'années.
Baisser son niveau d'exigence
Pour ne pas se laisser frustrer par des contacts de balle aléatoires, des distances moindres et le manque de sensations putter en mains, ces championnes ont dans leur sac à langer un atout de poids : l'expérience. « Mon enjeu cette semaine, c'est de baisser mon niveau d'attente, car ce ne serait pas réaliste d'avoir un objectif trop élevé. Et il ne faut pas non plus que l'équipe attende trop de moi sous prétexte que je suis une ancienne joueuse du Tour. Même si c'est frustrant, c'est indispensable de baisser ses attentes », explique Sophie Giquel, qui participe pour la première fois au trophée Golfers' Club.
Mais le plus dur, finalement, n'est-il pas de laisser son enfant à la maison pendant toute une semaine ? « Je pensais culpabiliser un peu, mais en fait pas vraiment ! » lance Marion Ricordeau dans un éclat de rire. « Ça fait du bien de couper un peu pendant une semaine, car être maman est un job à plein temps, toutes les mamans le savent. Je suis hyper contente de pouvoir profiter à fond de ce moment avec l'équipe, et je serai hyper contente de rentrer pour retrouver ma fille... le plus tard possible, j'espère ! » L'amour d'une joueuse pour le golf, l'amour d'une mère pour son enfant : les deux faces d'une même pièce ?
