Vainqueur du Trophée Gounouilhou à deux reprises en 1999 et 2000, le Golf de Touraine est de retour dans l’élite cette année. Une remontée effectuée avec beaucoup de jeunesse et quelques vétérans, tous enracinés au club.

Ambiance veillée d’armes. Si ce n’est qu’en guise de veilleuse, en ce mardi après-midi, un soleil en gros thermostat fait rayonner le dallage de la terrasse du club-house, au Golf des Aisses. De quoi faire apprécier la boisson fraîche et les fauteuils larges, après l’ultime partie de reconnaissance précédant le Trophée Gounouilhou pour les joueurs du Golf de Touraine. Leur capitaine, Raphaël Arnoult, qui n’est autre que le directeur de ce golf associatif vieux de 52 ans, reçoit des officiels du tournoi un livret de feuilles agrafées. À l’intérieur, les détails du parcours, des plans d’évacuation, le déroulé de la semaine… et en page de garde, le palmarès du Championnat de France amateur par équipes messieurs. « Tu vois, c’est ce que je disais tout à l’heure : 1999 et 2000 », lance le capitaine à l’un de ses joueurs, qui regarde derrière son épaule. Les deux années qui ont vu le Golf de Touraine soulever le trophée en jeu cette semaine.
Un coup d’œil sur leur droite, et les joueurs tourangeaux observent le grand tableau de score, déjà monté, et sur lequel les scoreurs inscrivent le nom des 16 clubs présents. Saint-Cloud, Chantilly, RCF, Saint-Nom-la-Bretèche… « Effectivement, les noms sont différents de ceux qu’on croisait en deuxième division », sourient les joueurs. Qui ont tous bien conscience que, 20 ans auparavant, leur cher club figurait sur la même liste.

Absente de la première division depuis 2012, et une Gounouilhou à Granville qui avait vu sa relégation, l’équipe du Golf de Touraine fait son retour dans l’élite cette année. Non seulement le purgatoire a été long, mais il a été profond, puisque le club double champion de France est repassé par la 4e division, avant de remonter les étages les uns après les autres. L’an dernier, mettant à profit maximal le fait de disputer la 2e division à domicile, elle a validé sa remontée en battant Terre Blanche, un autre double champion national, dans le match décisif. « C’était très serré, les derniers points ont été très tendus à aller chercher, relate Raphaël Arnoult. Les membres ont pris conscience de l’enjeu et du niveau de jeu à ce moment-là. »
Au sein de ce club de 500 membres, en effet, seuls les plus anciens vivent avec le souvenir des campagnes victorieuses menées il y a un quart de siècle. Pour les plus récents, il a fallu faire beaucoup de communication et de pédagogie, ne serait-ce que pour faire appréhender le niveau de compétition dont il est question. « Les membres regardent un peu plus les performances des joueurs d’équipes », confirme Ewan Le Tennier, qui a commencé le golf à 17 ans dans le club, et porte désormais ses couleurs en Gounouilhou sept ans plus tard. « Normalement, certains vont s’organiser en minibus pour venir nous voir cette semaine », abonde son capitaine.
Quelle que soit l’année, quelle que soit la division, une donnée est constante dans l’équipe du Golf de Touraine : tous ses membres ont été élevés au bon grain du club. L’escouade qui a fait cette semaine le court trajet jusqu’au Golf des Aisses ne fait pas exception. Des vétérans des campagnes des années 2000 côtoient d’anciens élèves du coach Clément Gallois au sein de l’école de golf. Car en plus de ses deux titres, le golf situé sur la commune du Ballan-Miré a disputé deux finales nationales, en 1995 (défaite face à Biarritz) et en 2003 (défaite face à Palmola). Même en revenant au plus haut niveau, l’envie de faire entrer des joueurs référencés de l’extérieur dans l’équipe n’a pas prévalu.
Retrouver une place en première division était l’axe principal de ce que le club a nommé son « Projet 2026 »… et qui a donc pris un an d’avance. En plus de revoir la Gounouilhou, le Golf de Touraine a également concentré beaucoup d’efforts, ces dernières années, sur ses équipes U16, mid-amateurs et sur son équipe 2 messieurs, elle aussi remontée en première division l’an passé. « L’idée était de pouvoir faire quelque chose avec cette génération, indique Raphaël Arnoult. On a fait de la préparation mentale, même dans l’école de golf avec le groupe élite. On a fait des séances de physique aussi. On a pris ce qu’on avait à prendre, et on s’est recentré sur des choses simples, comme le fait de passer du temps ensemble. »

Ces « choses simples », les joueurs du Golf de Touraine ont continué à les mettre en place pour préparer leur retour en Gounouilhou. En passant plusieurs week-ends ensemble, par exemple, durant les derniers mois, cohabitation dans le gîte comprise. En venant par deux fois au Golf des Aisses pour des reconnaissances anticipées également. L’organisation est alors tout sauf évidente, dans une équipe où les âges varient de 18 à 43 ans, et où les situations vont de l’étudiant au milieu d’une session d’examens au père de famille quittant femme et enfants pour toute une semaine, en passant par le salarié modèle bien obligé de poser des congés. Ainsi Arthur Genest, étudiant en première année d’école d’ingénieur à Calais, a passé un examen le lundi matin, avant de prendre le train pour rejoindre ses camarades. « Une Gounouilhou, ça se prépare différemment dans les têtes et dans l’engouement que ça suscite, note Raphaël Arnoult, qui a déjà participé trois fois à la plus prestigieuse compétition amateur masculine de l’Hexagone. Les années précédentes, on avait rapidement des faux bonds dans les rassemblements. Cette année, on a ciblé quatre week-ends ensemble, et la plupart du temps tout le monde était là. »
Pour honorer son retour en Gounouilhou, le Golf de Touraine a également cherché à obtenir davantage de soutien financier de ses partenaires. Ainsi, la région Centre-Val-de-Loire, dont elle est l’unique représentant en première division, a augmenté son niveau de subvention. « C’est la première fois qu’on joue la reconnaissance en ayant tous la même tenue », sourit Arthur Genest, alors qu’à quelques mètres de là, les sacs et les cache-clubs tout neufs viennent de faire leur premier tour des Aisses. « J’ai cherché à droite à gauche les sponsors pour être à la hauteur de l’événement », reconnaît Raphaël Arnoult.
Être à la hauteur oui… mais quelle hauteur ? « On aimerait beaucoup être dans les huit premiers à la fin de la qualification, souligne le capitaine. Après, c’est du match play, il peut tout se passer, c’est la guerre. » En résumé, le Golf de Touraine espère secouer une Gounouilhou où il est le dernier… par ordre alphabétique.