Blessé au dos fin juin à Munich, Michaël Lorenzo Vera a été contraint à un repos forcé à l’issue du British Masters. Un mois et demi après, le Basque est de retour ce jeudi sur le DP World Tour. Gonflé à bloc.

112e de la Race, Michaël Lorenzo Vera valide pour l'instant son droit de jeu complet pour 2024 sur le DP World Tour © Aitor Alcalde / Getty Images - AFP

Joint par téléphone le week-end passé juste avant de s’envoler pour l’Irlande du Nord, c’est un homme détendu et rasséréné qui a répondu à nos questions. De nouveau apte physiquement après une alerte qui l’a contraint à faire l’impasse sur tous les rendez-vous de juillet, il entend disputer un maximum de tournois jusqu’à la fin de saison et assurer un droit de jeu complet pour l’exercice 2024.

Comment va la santé et plus particulièrement votre dos ?
C’est réglé. Il n’y a plus de problème. On a bien travaillé dessus. Il n’y a plus de douleur !

De quoi souffriez-vous exactement ?
En tapant des balles lors d’une séance d’entraînement à Munich (Ndlr, dans le cadre du BMW International Open à la fin du mois de juin), le bas du dos a craqué. Complètement. C’est une zone chez moi qui n’a jamais été très souple. Depuis que je suis tout petit. Deux disques sont pas mal abimés en bas du dos et ça a coincé à ce niveau-là. Au départ, on pensait que c’était une hernie discale, mais ce sont surtout les muscles qui se sont mis en défense immédiatement. En gros, j’ai perdu 30 cm et je marchais comme une personne de 90 ans…

Vous avez malgré tout disputé le British Masters la semaine suivante en réussissant à franchir le cut…
C’est vrai. On a tout fait pour, à coup de massages, de ventouses, de packs chauffants… Jusque-là, ça allait à peu près. Et le lundi matin, juste après le tournoi (Ndlr, il a pris la 49e place à +1), je n’en pouvais plus. J’étais en route pour Londres afin de rejoindre le Danemark (Made in Himmerland) mais je ne pouvais vraiment plus marcher. J’ai alors dit stop !

Vous voilà donc obligé de vous arrêter alors que la saison bat son plein…
Je suis resté trois semaines à la maison. Avec que du repos au programme. Sans toucher le moindre club de golf. Je ne pouvais pas non plus conduire… J’ai fait pas mal de séances d’ostéo et d’anti-douleurs du côté de Béziers avec Thomas Lignon. C’est un ami de mon préparateur physique, Sylvain Crouzie. En fait, il n’y avait rien de mécanique dans cet arrêt. C’est plutôt le corps qui a eu peur et qui a dit stop. Il a fallu se rassurer et travailler en termes de musculation dans la zone touchée… Réapprendre aussi des exercices de musculation que j’avais peur de faire. Et puis là, c’est terminé. Tout est ok.

On a pu voir sur les réseaux sociaux que vos entraînements du côté de Terre Blanche étaient plutôt constructifs. Votre swing semble bien au point, on se trompe ?
Tout va bien ! J’ai repris le 2 août dernier. On essaie de cadrer tout ça avec mon frère (Franck Lorenzo Vera). On essaie de mieux travailler, d’améliorer constamment tous les compartiments du jeu. Dont ce swing qui m’embête un peu par moment. Bref, on tente de trouver quelque chose qui rend mon jeu plus simple et plus solide.

Pour cette reprise, avez-vous porté votre attention sur un point plus précis qu’un autre ?
Non. En fait, on a fait très simple. On a pris les stats et on a regardé là où ça péchait. On a vu qu’au wedging, je n’étais pas assez bon. Même chose au putting… Au driving, c’est mieux que les années précédentes. On est quand même sur la bonne route. Donc, pour résumer : beaucoup de wedging, beaucoup de putting…

Je me suis retrouvé deux fois en position de gagner en Corée puis en Belgique… Cela a un peu bloqué sur la fin. Je n’ai pas été assez bon au wedging. Encore une fois.

Quel bilan pourriez-vous tirer de ce premier semestre sur le Tour européen où vous avez notamment signé en quatre semaines une 4e place en Belgique, un top 10 (7e) en Corée du Sud et un top 15 (12e au KLM Open) ?
Cela faisait longtemps que je n’avais pas fait un top 10 (Ndlr, 2e au Golf in Dubaï Championship le 5 décembre 2020). Je me suis retrouvé deux fois en position de gagner en Corée puis en Belgique… Cela a un peu bloqué sur la fin. On sait pourquoi. Je n’ai pas été assez bon au wedging. Encore une fois. Le putting a aussi été un peu défaillant. Quand on loupe un putt de deux mètres au mauvais moment, sur un par 5, le drive d’après, c’est un peu compliqué de le mettre sur la piste. C’est Jordan Spieth qui m’a dit ça. Je lui avais demandé ce qui était pour lui le plus important. Il m’avait répondu : « Rentrer un putt de deux mètres car sinon tu louperas ton drive après ! » Et j’ai remarqué que souvent (il répète), c’est le cas. Si je wedge mieux, je me mets plus près. Si je me mets plus près, on a plus de chance de rentrer et donc d’être en bonne disposition pour finir le travail au départ suivant. Mais globalement, c’est positif. Il y a de bonnes choses. En plus, j’ai mon caddie de fin de saison dernière qui revient sur mon sac. Mon Canadien avec qui ça s’était super bien passé (Quinn Vilneff). Je suis content qu’il revienne. Je voulais absolument qu’il revienne. Je l’ai harcelé. Mon préparateur physique aussi. Mon frère aussi… J’ai une équipe de rêve autour de moi.

Vous êtes donc de retour ce jeudi en Irlande du Nord. Quel va être votre calendrier pour les prochaines semaines ?
C’est simple. Je fais tous les tournois que je peux jouer jusqu’à la fin de l’année. Je serai en Irlande (7-10 septembre) grâce à mon bon re-ranking (4e de la catégorie 17). C’est plutôt cool. Je ne rentrerai pas à Wentworth (BMW PGA Championship du 14 au 17 septembre). J’ai fait une demande d’invitation mais vu que j’ai un passeport français, ça va être compliqué (sic). Ensuite, il y aura l’Open de France, le Dunhill Links, l’Open d’Espagne, l’Andalousie et le Qatar… L’objectif principal sera évidemment de changer de façon positive ma catégorie de jeu. C’est-à-dire un droit de jeu complet… Et si possible après se glisser dans le champ du Nedbank Golf Challenge. Ce serait canon !

On oublie que Céline est un bourreau de travail. Elle fait partie des très grands, hommes et femmes confondus.

Vous êtes 112e à la Race, donc l’objectif est pour l’instant atteint…
Tout à fait. Mais je ne suis pas dans la position la plus confortable du siècle (Ndlr, Au 15 août 2023, les 118 premiers conservent leur carte pour 2024). Il va y avoir de la pression, c’est évident. Mais j’ai tellement bien travaillé ces derniers jours que, effectivement, si je n’y arrive, je ne comprends plus rien…

Repartir en fin d’année affronter les Cartes comme cela a été le cas fin 2022, est-ce une éventualité que vous n’écartez néanmoins pas ?
Je ferai ce qu’il y a à faire. Si je dois y retourner, c’est que j’aurais mal fait les choses. Quand on tombe, c’est un reflet de notre travail. Ou quand on monte d’ailleurs. À ce jeu, on n’a que ce que l’on mérite. 

Vous disputez cette semaine un tournoi mixte avec la présence de joueuses du LPGA Tour et du Ladies European Tour. Quel est votre sentiment sur ce que vient de réaliser Céline Boutier, victorieuse de l’Amundi Evian Championship puis du Women’s Scottish Open ?
C’est magnifique. On le savait. Mon frère l’a entraînée quand elle était gamine. Depuis toujours, il me dit que c’est un lance-balle… Ce n’est pas une joueuse de golf. Elle se place, elle vise et la balle va là où elle veut qu’elle aille. Elle est impressionnante de qualité. Elle est impressionnante d’exigence envers elle. Chose qu’on oublie de préciser souvent. Parce que l’on ne voit que les résultats. Et on oublie que Céline est un bourreau de travail. Elle fait partie des très grands, hommes et femmes confondus. Donc, aucune surprise pour moi. S’il y a quelqu’un qui était capable de réaliser cette performance, c’est bien elle.