Elle est l'une des quatre Françaises au départ du premier tournoi de l'Epson Tour, cette semaine en Floride. Céline Herbin, désormais entraînée par Alain Alberti, a mis cet hiver les bouchées doubles pour retrouver au plus vite sa place sur le LPGA Tour.

La native d'Avranches entame sa 15e saison pro. © Tristan Jones / LET

Aux côtés de Julie Aimé, Agathe Laisné et Perrine Delacour, Céline Herbin est l'une des quatre Tricolores qui s'apprêtent à donner le coup d'envoi de sa saison 2023. La joueuse de 40 ans sera ce vendredi le départ du Florida's Natural Charity Classic, première épreuve au calendrier de la deuxième division américaine. Un circuit inhabituel pour celle qui avait pris, depuis 2016, l'habitude de se frotter à l'élite mondiale sur les tournois du LPGA Tour ; mais un passage obligé en raison de la perte de ses droits de jeu à l'issue d'une saison 2022 bouclée hors du top 100 de la Race to the CME Globe (155e avec 3 cuts franchis en 13 apparitions). « Si je dois faire comme Perrine l'a fait il y a quelques années, à savoir une saison complète sur l'Epson Tour pour revenir l'année d'après sur le LPGA Tour, je le ferai », assure-t-elle sans l'ombre d'une hésitation.

L'objectif est annoncé : retrouver le circuit américain. Et si les façons de l'atteindre sont multiples, la raison d'y croire est sans équivoque : « J'ai fait le boulot cet hiver, et c'est ça qui me donne confiance », explique-t-elle. « Les résultats, je ne peux pas les contrôler, ce n'est pas un interrupteur sur lequel on appuie, mais je sais par rapport au travail fourni que je vais dans la bonne direction. » Après une année 2022 rendue compliquée par un problème au coude qui l'a empêchée de taper des balles pendant cinq mois durant l'intersaison et l'a privée d'une préparation hivernale efficace, Céline Herbin a mis cette période difficile derrière elle. Ou plutôt, elle s'en est servie pour rebondir : « J'ai bien intégré tout ça, et je le vois maintenant comme une expérience qui m'a permis d'apprendre sur moi-même pour revenir encore plus fort. »

Le soutien d'Alain Alberti

Si le travail est l'unique vérité dans l'univers ultra-concurrentiel du sport de haut niveau, encore faut-il savoir sur quoi porter ses efforts. « L'an dernier, j'ai joué deux parties avec Lydia Ko, deux avec Nelly Korda et deux avec Danielle Kang, et j'ai vu à chaque fois ce qu'il me manquait. Le wedging, les coups à moins de 100 mètres, sont apparus comme une évidence, donc j'ai mis l'accent dessus », indique Céline. « Pour m'aider, j'ai fait appel à Alain Alberti, avec qui j'ai commencé à bosser en novembre. » Outre ses compétences reconnues de technicien, l'entraîneur basé à Montpellier-Massane a pour elle l'inestimable avantage de fréquenter régulièrement les practices du LPGA Tour, puisqu'il coache également Pauline Roussin-Bouchard qui évolue aussi aux États-Unis. « Ça va me permettre d'avoir un soutien régulier tout au long de ma saison là-bas, au lieu d'être seule pendant des mois comme c'était le cas avant. Il va juste falloir que j'apprenne à parler de technique de golf en français, car ma langue de référence à ce niveau-là reste l'espagnol ! » ajoute en plaisantant la joueuse basée depuis de nombreuses années à Denia, au nord d'Alicante, et qui a longtemps été entraînée par l'Ibère Vicente Ballesteros.

Ayant de son propre aveu « beaucoup d'enthousiasme, de force physique et de fraîcheur mentale pour faire une belle saison en 2023 », Céline Herbin n'a guère qu'une zone de flou dans son avenir proche : son calendrier. « Il n'y a rien de très clair pour l'instant ! », concède-t-elle en souriant. « Enfin, c'est clair jusqu'à la mi-avril, date du tournoi du LPGA Tour à Hawaï (Lotte Championship, du 9 au 12 avril, ndlr). Que ce soit par la catégorie partielle que j'ai actuellement ou par un Monday Qualifier, je pense que je vais le jouer. » Avant cela, la native d'Avranches participera aux trois ou quatre premières étapes de l'Epson Tour, et s'alignera également aux qualifications des tournois du LPGA Tour à Phoenix (Drive On Championship, du 20 au 23 mars, ndlr) et à Los Angeles (DIO Implant LA Open, du 27 au 30 mars).

Le reshuffle de mai en ligne de mire

Loin de disperser ses forces en voulant jouer sur deux tableaux à la fois, Céline Herbin sait qu'un bon résultat tôt dans la saison peut lui rouvrir en grand les portes du LPGA Tour. « Le circuit valorise très peu les positions obtenues aux Q-Series (la finale des cartes, ndlr), et beaucoup plus un bon résultat ponctuel en cours d'année, par le système des reshuffles. Le premier est juste après la Cognizant Founders Cup, mi-mai. Ça peut tout changer pour quelqu'un comme moi, puisque la catégorie qu'on peut obtenir à ce moment-là est bien plus avantageuse que celle qu'ont les filles qui ont gagné leur carte aux Q-Series l'an dernier », détaille-t-elle. « Ce système permet à des filles comme moi d'avoir des opportunités de changer la donne en cours d'année. Je suis dans la même situation qu'au début de la saison 2016 : avec pas grand-chose sur le LPGA Tour, et une full catégorie sur la deuxième division. Cette année-là j'avais réussi à jouer 15 tournois du LPGA et à terminer dans le top 100. Donc tout est possible ! »

Que les fans français, enfin, se rassurent : ils auront bel et bien le plaisir de retrouver leur championne lors du Lacoste Ladies Open de France, au début de l'automne à Deauville (28-30 septembre). « J'ai assuré les organisateurs de ma présence », précise la lauréate de l'édition 2015 de notre open national, qui n'avait pu y prendre part l'an dernier puisqu'elle jouait au même moment de l'autre côté de l'Atlantique. « L'autre date en Europe que j'ai cochée, c'est un nouveau tournoi du Ladies European Tour en Espagne, le La Sella Open, la semaine juste avant Évian (20-23 juillet). Ça va se jouer juste en face de chez moi, sur le parcours où je m'entraîne tous les jours ! Un tournoi à la maison, ça va être une première pour moi... » conclut-elle dans un nouveau sourire... et sûrement pas le dernier d'une année 2023 pleine de promesses.