Avec sa victoire en Malaisie dimanche, Céline Boutier a fait un pas de plus vers la tête du Rolex Women’s World Golf Ranking, dont elle a repris la 3e place. Mais comment fonctionne précisément ce classement mondial féminin ? Explications.

Céline Boutier est actuellement 3e du Rolex Women's World Golf Ranking. © Luke Walker / Getty Images - AFP

Un fonctionnement spécifique aux dames

Pour expliquer la manière dont fonctionne le classement mondial féminin, une précision d’emblée est importante : même si le système est analogue à celui du classement mondial masculin, il s’en distingue. Circuits différents, tournois différents, calendriers différents… autant de raisons qui expliquent que les deux hiérarchies soient gérées totalement indépendamment l’une de l’autre.

Le classement mondial féminin se nomme donc le Rolex Women’s World Golf Rankings. Et il ne faut pas le confondre avec le Rolex Player of the Year, classement également parrainé par le célèbre horloger, mais qui ne concerne que les joueuses du LPGA Tour, et uniquement pour la saison en cours. D'ailleurs, dans le cas de ce dernier, Céline Boutier est bel et bien en tête.

12 circuits partenaires

Si la lumière est souvent braquée sur le sommet de la hiérarchie mondiale, le Rolex Women’s World Golf Rankings regroupe en réalité 12 circuits professionnels de par le monde, et classe ainsi toute joueuse qui marque des points sur l’un de ces circuits. Des joueuses amateurs peuvent donc y figurer, ainsi que le prouve la liste des 42 Françaises classées. Plus de 1500 joueuses font ainsi partie de ce classement.

Cependant, il ne suffit pas de participer à un événement sur l’un des circuits partenaires pour marquer des points. Passer le cut n’est même pas toujours une garantie. En effet, dans chaque tournoi, un certain nombre de places se voient attribuer des points, et ce nombre va généralement en diminuant lorsqu’il s’agit de "petits" circuits. À titre d’exemple, seuls les cinq Majeurs du golf féminin ont l’assurance légale de donner des points mondiaux à toutes les joueuses ayant franchi le cut. Même si, bien sûr, cela se répercute largement sur les circuits de première zone.

À noter, en parlant de Majeurs, que le Rolex Women’s World Golf Rankings compte également parmi ses partenaires le R&A, organisateur du AIG Women’s Open, et l’USGA, responsable du U.S. Women’s Open.

Une moyenne glissée sur deux ans

Une fois ces bases jetées, il reste évidemment le plus important : comment sont-ils comptés, ces points ? Sur ce plan, comme dit plus haut, le Rolex Women’s World Golf Rankings a un fonctionnement similaire à son homologue masculin. La philosophie générale est d'attribuer à chaque joueuse, une moyenne de points sur les 104 dernières semaines (autrement dit une période d’à peu près deux ans), avec un poids plus grand donné aux tournois récents. Cette moyenne est calculée en prenant le total des points marqués, et en le divisant par le nombre de tournois joués.

Dans le cas du classement mondial féminin, le poids maximum est attribué aux points glanés lors des 13 semaines les plus récentes. Ceux des 91 autres semaines diminuent progressivement, étant rabotés d’un 91e de leur valeur chaque semaine.

Cela signifie que le classement mondial n'est pas actualisé en continu. Il n'est mis à jour qu'une fois par semaine, le lundi, lorsque tous les tournois du week-end sont terminés.

Tout est question de force du champ

Pour arriver à calculer cette moyenne, et donc le score de chaque joueuse au classement, encore faut-il savoir combien de points lui attribuer à l’issue d’un tournoi. Sur cet aspect, un concept est fondamental : la force du champ (souvent abrégé en "SOF", pour "Strength of the field", en anglais). Comme son nom le suggère, cet indicateur évalue la qualité générale du champ de joueuses sur un tournoi en particulier. Il est calculé en prenant en compte non seulement le classement mondial lui-même, mais aussi le classement général spécifique du tour en question.

Par exemple, pour un tournoi du LPGA Tour, le calcul du SOF va prendre en compte les joueuses faisant partie à la fois du top 600 du Rolex Women’s World Golf Rankings, mais également du top 30 de la Money list de la saison précédente. Chacune des joueuses en question se voit attribuer une valeur en fonction de ses classements dans les deux catégories, et ces valeurs sont additionnées pour constituer le SOF.

Il existe toutefois des cas où cette donnée n’est pas laissée brute. Typiquement, les cinq Majeurs féminins attribuent le même nombre de points au classement mondial, et ce indépendamment de qui les joue. Par ailleurs, les circuits ont généralement un SOF minimum pour n’importe lequel de leurs tournois. Le "Power" (de l'autre petit nom du SOF) est par ailleurs augmenté automatiquement de six points sur tous les tournois de l’Epson Tour ou du Letas qui ne sont pas cosanctionnés par des circuits ayant un SOF minimum.

Par ailleurs, il existe le cas particulier des "Flagship events". Il s’agit de tournois que les circuits décident de désigner comme leur événement phare. Le Letas, par exemple, peut organiser une fois par saison un "Flagship event" avec un SOF minimum de 25 (il s’agit, en l’occurrence, de sa finale).

Et ça change quoi d’être n° 1 mondiale ?

Si l’on parle purement de golf, on va être honnête : pas grand-chose. Entendez par là que le fait d’être première au Rolex Women’s World Golf Rankings plutôt que 10e ne va pas fondamentalement changer votre vie de golfeuse : vous aurez l’occasion de participer aux mêmes tournois, accompagnée le plus souvent des autres meilleures joueuses du monde. La différence est par exemple notable avec le tennis, où être n° 1 mondial vous assure quasi automatiquement la tête de série n° 1 lors d’un tournoi, ce qui vous garantit par exemple de ne croiser la n° 2 qu’en finale, et de disposer globalement d’un tableau plus abordable.

En revanche, la place de n° 1 mondiale de golf n’est pas anecdotique si l’on parle de prestige et de notoriété. À commencer par les partenaires de la joueuse en question, forcément fiers de pouvoir afficher leur soutien à la meilleure joueuse de golf du monde. Et puis, devenir n° 1 mondiale un jour, c’est inscrire son nom dans la même colonne qu’Annika Sörenstam (première n° 1 mondiale à l’avènement du Rolex Women’s World Golf Rankings en 2006) ou Lorena Ochoa. Bref, tout sauf anecdotique.

Le classement mondial est, en revanche, de nature à avoir une influence très nette dans votre vie de golfeuse un peu plus bas dans la hiérarchie. Il est, par exemple, le critère le plus prégnant pour ce qui est de la participation aux Majeurs.

Boutier de retour à la 3e place mondiale

Avec sa victoire lors du Maybank Championship, ce dimanche, Céline Boutier a repris la 3e place au Rolex Women’s World Golf Rankings. Un rang qu’elle avait atteint pour la première fois début août, après sa victoire lors du Women’s Scottish Open. Mais si, à l’époque, elle comptait 0,58 point de retard sur la n° 1 d’alors Nelly Korda, cette fois, 12 centièmes seulement la séparent de la Chinoise Ruoning Yin, qui a repris le trône.

Ce dernier changement apporte d’ailleurs une nouvelle unité au compte des changements de nom au sommet de la hiérarchie mondiale pour 2023. Au total, cinq joueuses différentes ont occupé le poste depuis le 1er janvier, ce qui constitue un record. Et les records sont faits pour être battus…