Au départ ce jeudi de son 8e British, Céline Boutier, la toute nouvelle n° 3 mondiale, victorieuse coup sur coup de l’Amundi Evian Championship et du Women’s Scottish Open, a enregistré des résultats contrastés dans ce 5e et dernier Majeur de la saison.

Céline Boutier avec son caddie Jeffrey Snow lors du 4e tour du Freed Group Women's Scottish Open 2023. © Mark Runnacles / LET

Dix ans déjà ! Céline Boutier n’en a pas encore vingt lorsqu'elle s’aligne, le 1er août 2013, au Ricoh Women’s British Open programmé sur l’Old Course de St Andrews. Le Saint des Saints ! C’est son premier Majeur. Encore amateur, la Française, étudiante en psychologie à l’université Duke (Caroline du Nord), doit sa présence dans le champ à sa victoire au championnat d’Europe 2012. Après deux premiers tours dans le par (72), elle subit de plein fouet une météo purement écossaise que l’on rencontre très fréquemment en plein été sous ces latitudes. Dans la tempête, elle est stoppée après seize trous avec un score de +8 avant de boucler son 3e tour le lendemain sur un lourd 81 (+9). Elle parvient à enchaîner quelques heures plus tard, sous le soleil cette fois, avec une troisième carte dans le par et s’offre pour ses débuts à ce niveau une très encourageante 56e place finale à +9. Loin toutefois de l’Américaine Stacy Lewis, victorieuse à -8 !

Lauréate le 15 juin 2015 à Portstewart du 112e Ladies British Open Amateur Championship en battant en finale la Suédoise Linnea Ström sur le score sans appel de 4&3, Céline Boutier est de facto invitée au Ricoh Women’s British Open suivant, qui se dispute du 30 juillet au 2 août à Turnberry (Écosse). Hélas, deux cartes identiques de 76 (+4) le jeudi et le vendredi ne lui ouvrent pas les portes du week-end. Engagée dans quatre des cinq Majeurs de la saison, la Francilienne ne réussit également pas à franchir le moindre cut à l'ANA Inspiration, à l’U.S. Women’s Open et à l’Evian Championship

Le déclic à Woburn…

Passée professionnelle en 2016, deux fois vainqueur en 2017 sur le Symetra Tour, la deuxième division U.S., mais aussi sur le Ladies European Tour (en novembre au Sanya Ladies Open), Céline Boutier est en lice pour l’édition 2018 du British au Royal Lytham & St Annes (2-5 août). Sur le links anglais, la Française, qui n’a alors passé que deux cuts en huit tentatives en Majeur (56e au British 2013, 29e à Évian en 2014), échoue une fois encore après avoir posté deux cartes de 81 (+9) et 75 (+3).

Ce n’est qu’en 2019 que ses résultats en Grand Chelem vont sensiblement s’inverser, dans la foulée de son premier succès sur le LPGA Tour (en Australie, au Vic Open, le 10 février). Co-leader après 54 trous à l’U.S. Women’s Open (avant de finir 5e), l’élève de Cameron McCormick brille une fois de plus du 1er au 4 août sur le parkland de Woburn (Angleterre). L’AIG Women’s British Open voit ainsi la Française jouer les premiers rôles avec notamment deux cartes de 66 (-6) signées le vendredi et le dimanche. Sixième à -12, elle termine à six longueurs de la Japonaise Hinako Shibuno. « Ce fut une super journée avec un jeu très solide du driving au putting, résumait-t-elle pour nos confrères du Figaro Golf. J'ai eu beaucoup d'opportunités de birdies tout au long de la partie. Après la journée très frustrante de samedi (73, +1), ça fait du bien de terminer fort sur le dernier Majeur de l'année. »

Dans la tempête à Troon

Cette dynamique est hélas enrayée quelques mois plus tard par la pandémie de Covid-19. Cinquième dans l’ordre de programmation, l’AIG Women’s Open, sa nouvelle dénomination, ouvre le bal des Majeurs en 2020 (amputé de l’Evian Championship, annulé). Du 20 au 23 août, le Royal Troon accueille l’épreuve qui se dispute… à huis clos. Les conditions de jeu sont terribles, notamment le jeudi où seulement trois golfeuses parviennent à jouer sous le par, dont la future lauréate, l’Allemande Sophia Popov. Céline Boutier, elle, coule à pic, comme la majeure partie du champ, avec un méchant 81 (+10) qui annihile dès le premier jour ses chances de victoire.

« Je n’ai pas du tout géré comme il le fallait ce premier tour, joué dans des conditions de jeu extrêmes alors que lors des parties d’entraînement entre lundi et mercredi, il n’y avait pas eu de vent, se rappelle la Française sur le site officiel de la Fédération française de golf. Le jeudi, on a eu jusqu’à 40 km/h de vent… Cela m’a pris par surprise. Pourtant, le vendredi, j’ai joué dans le par (71), manquant le cut d’un point. J’attribue donc tout cela aux conditions météo et non pas à mon jeu. »

Un dimanche à Muirfield

À l’exception de cette 6e place à Woburn en 2019, son bilan personnel à l'AIG Women’s Open au moment de rejoindre Carnoustie, qui reçoit du 19 au 22 août l’exercice 2021, n’est cependant guère fameux. En cinq départs, Céline Boutier a manqué trois fois le cut. Classée 7e au KPMG Women’s PGA Championship puis 29e à l’Amundi Evian Championship, elle entend cette fois valider cette spirale positive dans l’un des plus grands théâtres de golf à ciel ouvert. Après un premier tour dans le par (72), elle ne peut toutefois faire mieux qu’un 75 (+3) le vendredi. À deux coups d’un cut fixé à +1, elle est obligée de s’avouer vaincue. Mais pas résignée puisqu’entre le 18 septembre et le 3 octobre, elle remporte le Lacoste Ladies Open de France (LET) et le ShopRite LPGA Classic (LPGA Tour).

2022 doit être l’année de la grande bascule pour celle qui vit à Dallas (Texas). Du moins en ce qui concerne les Majeurs. Sa 4e place au Chevron Championship (ex-ANA Inspiration) annonce la couleur, mais ses cuts manqués au PGA Championship et à Évian (après une 34e place à l’U.S. Women’s Open) laissent de nouveau planer le doute. Sa deuxième place au Women’s Scottish Open juste avant l’AIG Women’s Open à Muirfield (4-7 août) redonne toutefois du tonus à ses ambitions. Sensations confirmées puisque la Française réalise un British hyper solide. Positionnée 29e après 54 trous par la faute d’un difficile 74 (+3), elle redresse la barre le dimanche avec un excellent dernier tour en 67 (-4) avant de prendre la 7e place à -5. À cinq coups de la Sud-Africaine Ashleigh Buhai, plus forte en play-off que la Sud-Coréenne In Gee Chun.

Les Majeurs, ça ne se joue pas à grand-chose. J’ai toujours envie de bien y figurer

« Mon jeu a été solide du jeudi au dimanche, souffle-t-elle à nos confrères de Golf Planète. Jouer avec autant de vent, ce n’est pas toujours facile. Mentalement, j’ai été bien. Je suis restée patiente, je ne me suis pas mis trop de pression, surtout quand je me suis retrouvée dans des situations délicates, quand j’ai raté des coups, quand j’ai fait des bogeys. C’est donc positif. Dans ces semaines-là, sur ce genre de parcours, c’est très facile d’être négatif, surtout quand on commence à rater des coups. Je ne me suis pas trop laissée impressionner par les conditions de jeu. Les Majeurs, ça ne se joue pas à grand-chose. Ce sont les conditions de jeu difficiles. Parfois le jeu est de notre côté, parfois ce n’est pas le cas. Ce sont des rendez-vous très spéciaux pour moi. J’ai toujours envie de bien y figurer. Et j’ai hâte déjà d’être à l’année prochaine pour avoir une autre chance. »

La suite, on la connait. C’est en vainqueur de Majeur, dans la peau d’une n° 3 mondiale que Céline Boutier va désormais aborder cet AIG Women’s Open 2023 à Walton Heath, un heathland bien connu des garçons qui y disputent au mois de mai les qualifications sur 36 trous de l’U.S. Open.